22.01.2013

Bern, Yehudi Menuhin Forum, 22 January 2013 - organized by the embassies of the Federal Republic of Germany and the Republic of France - Speech by Federal Councillor Didier Burkhalter - Check against delivery

Speaker: President of the Swiss Confederation, Didier Burkhalter (2014); Didier Burkhalter

Excellences,
Mesdames et Messieurs,

Il y a 50 ans, deux hommes, deux Etats et un seul but : le président Charles de Gaulle et le chancelier fédéral Konrad Adenauer signaient le traité d’amitié franco-allemand. Nous commémorons là un acte véritablement historique.
« Un fait historique », comme le soulignait quelques mois auparavant le Général de Gaulle lui-même et comme le raconte si bien Alain Peyrefitte, dans un livre remarquable, où l’on sent l’histoire souffler. On est à la fin de 1962 et de Gaulle s’exprime sur le rapprochement des jeunes de France et d’Allemagne : « On ne pouvait pas s’empêcher de penser qu’on était dépassé, disait-il. Il y avait là un fait historique, auquel on ne pouvait pas se dérober et qui était clair comme la lumière du jour. » Et comme s’il voulait construire un lien presque impensable à travers l’histoire, il utilise le mot « dépassé », le même mot qui lui était venu aux lèvres à l’Hôtel-de-Ville de Paris, le 25 août 1944. Et De Gaulle d’ajouter, avec cette gravité incomparable et aussi une surprenante modestie : « Il y a là des minutes qui dépassent chacune de nos pauvres vies. »
Les relations entre l’Allemagne et la France ont longuement été marquées par la rivalité, la méfiance et la guerre. Ce traité d’amitié avait pour vocation de changer les choses ; au fond, il avait pour vocation la politique, la vraie, au sens noble du terme. Suite aux horreurs de la Seconde Guerre mondiale, Charles de Gaulle et Konrad Adenauer ont ouvert la voie de la réconciliation. Le général de Gaulle a parlé d’un miracle historique. Et il semble que la portée de cet événement lui donne raison.
Le traité a marqué la réconciliation non seulement de deux Etats, mais également de deux peuples. Les villes allemandes et françaises ont développé des partenariats. Les écoles ont organisé des programmes d’échanges. C’était le début d’un partenariat vivant, incarné par les citoyens et par les enfants. Aujourd’hui, il ne serait plus concevable de choisir la guerre comme un moyen de régler un différend opposant l’Allemagne et la France.
L’Union européenne a reçu l’année dernière le prix Nobel de la Paix. Cette distinction est aussi (et peut-être même d’abord) un hommage à l’amitié et à la volonté commune franco-allemande, toutes deux nées officiellement lors de la signature du traité de l’Elysée. La main que se sont tendue la France et l’Allemagne représente une étape fondamentale. Elle a créé un terreau propice au développement de l’Europe en tant que zone de paix, de prospérité et de stabilité au cours des dernières décennies. Sans ce rapprochement entre les deux Etats, l’unification des pays d’Europe aurait été impensable. Le courage dont a fait preuve cette génération et celles qui ont suivi, en choisissant la voie de la réconciliation plutôt que de l’affrontement, ce courage de l’amitié et de la résolution pacifique des différends force le respect.
C’est précisément ce respect que nous ressentons. Ce respect qui nourrit la principale raison de ma présence ici et de l’acceptation, au nom de mon pays, de votre amicale invitation, MM. les ambassadeurs d’Allemagne et de France.
Entre voisins, on doit se parler. Beaucoup. Cela semble évident, et pourtant, ça ne l'est pas ! Les relations de voisinage recèlent même le plus fort potentiel de tensions, d’énervement et de conflits. Aux niveaux des êtres humains comme des Etats, le précepte se vérifie dans le monde entier. Résoudre les problèmes, c’est d’abord vouloir s’adresser la parole, par-dessus la clôture du jardin ou par-dessus la frontière ; c’est, ensuite, écouter et chercher à comprendre l’autre ; c’est, encore, faire preuve d’une volonté réelle de régler un différend par le dialogue, la négociation et la volonté politique. Et c’est enfin renoncer délibérément au rapport de force : ces étapes, essentielles, se reflètent dans le traité de l’Elysée
 « Qui trouve un ami trouve un trésor », dit un proverbe latin. On peut estimer que ce traité d’amitié est un triple trésor. Un trésor pour l’amitié franco-allemande qu’il a scellée, un trésor pour la stabilité du continent qu’il a cimentée, un trésor enfin pour l’avenir de la diplomatie qu’il a tracé.

Meine Damen und Herren

Für mich symbolisiert der Elysée-Vertrag heute vor allem eines: Den festen Willen, Herausforderungen gemeinsam und in stetem Dialog anzugehen – und dies auch dann, wenn die nationalen Interessen divergieren mögen. Eine solche Politik der gemeinsamen Suche nach Gleichgewichten erfordert Mut und Vertrauen.
Die deutsch-französische Freundschaft ist denn auch nicht nur eine historische Errungenschaft. Sie steht gleichermassen für ein zukunftsträchtiges Modell der Diplomatie. Die Prinzipien des Dialogs und der Zusammenarbeit, die dem Elysée-Vertrag zugrunde liegen, sind im aktuellen weltpolitischen Umfeld von grösster Bedeutung.
Wir leben in einer Zeit, die durch raschen Wandel und viele Unwägbarkeiten geprägt ist.
Mit den globalen Machtverschiebungen verändern sich auch die politischen Koordinaten der internationalen Beziehungen. Die Geschichte lehrt uns, dass in solchen Phasen die weltpolitische Instabilität zunehmen kann.
Die Suche nach neuen Gleichgewichten und nach kooperativen Lösungen gemeinsamer Herausforderungen gehört deshalb heute zu den wichtigsten Aufgaben der internationalen Politik. Globale Fragen wie der Klimawandel oder die Zukunft des internationalen Währungssystems sind nur dann zu bewältigen, wenn alle wichtigen Partner an einem Strick ziehen und den politischen Willen aufbringen, Kompromisse einzugehen.
Nur so finden wir nachhaltige und stabile Gleichgewichte. Das gilt auch für sensible Themen wie Territorialstreitigkeiten zu Land oder zu Wasser.
Auch in Europa sind in den letzten Jahren manche Gleichgewichte aus dem Lot geraten. Im Kontext der Schuldenkrise haben sich wirtschaftliche und soziale Gräben vertieft. In diesen für Europa schwierigen Zeiten bildet die deutsch-französische Freundschaft einen wichtigen Anker der Stabilität. Gleichzeitig wird es Europa nur auf der Basis von Dialog und Zusammenarbeit möglich sein, ein neues Gleichgewicht zu finden und gestärkt aus der Krise zu kommen. Frankreich und Deutschland tragen hier – einmal mehr – eine grosse Verantwortung.

Und die Schweiz? Unser Land wurde von der deutsch-französischen Freundschaft und der damit verbundenen Befriedung Europas stark beeinflusst. Über Jahrhunderte hatte die Schweiz immer wieder unter Kriegen zwischen ihren Nachbarn gelitten.
Manchmal waren diese Kriege dynastisch geprägt, manchmal religiös, im letzten Jahrhundert vor allem nationalistisch. Damit ist es – endgültig, so hoffen wir alle – vorbei.
Die Schweiz lebt aber nicht nur von der Stabilität, die ihre Nachbarn schaffen. Sie trägt auch selber zu dieser Stabilität bei. Sie tut das auf zweifache Weise:
Zum einen ist auch unser Land ein Anker der Stabilität in Europa. Nassim Taleb, der Autor des berühmten Buchs Black Swan, bezeichnet die Schweiz in seinem jüngsten Werk sogar als „das stabilste Land der Welt“ und ein Paradebeispiel für „Antifragilität“. Er führt die relative Krisenresistenz der Schweiz vor allem auf zwei Dinge zurück:

- Erstens auf den ausgeprägten schweizerischen Föderalismus – also den dezentralen Staatsaufbau, den Wettbewerb zwischen den Kantonen und den Willen, Konflikte friedlich zu lösen und Minderheiten zu respektieren.

- Zweitens auf die freiheitliche Wirtschaftsordnung – eine Ordnung, die Innovation und Risikobereitschaft fördert und ohne die nichts Wichtiges oder Neues entstehen kann.

Man könnte hier sicherlich noch weitere Gründe nennen, allen voran die direkte Demokratie.
Respekt, Freiheit, Demokratie: das sind die Grundwerte, die die Schweiz zu einem Anker der Stabilität in Europa machen.
Zum andern beteiligt sich die Schweiz auch über die Landesgrenzen hinaus aktiv an den gemeinsamen Bemühungen um Sicherheit und stabile Gleichgewichte in Europa. So leisten wir einen finanziellen Beitrag an die Erweiterung der EU und wir beteiligen uns auch überproportional an den IWF-Krediten zur Stabilisierung der Eurozone.
Die Schweizer Wirtschaft gibt des Weiteren hundertausenden von Menschen Arbeit und generiert eine Milliarde Schweizer Franken pro Werktag im Handelsverkehr mit den EU-Ländern – dies zum Nutzen beider Seiten.  Auch engagieren wir uns gemeinsam mit unseren europäischen Partnern in der Friedensförderung, beispielsweise im Westbalkan. Als glaubwürdiger und unparteilicher Vermittler bemühen wir uns, Gewaltkonflikte zu entschärfen und damit zu einem stabilen Umfeld Europas beizutragen.
Diese Bemühungen möchten wir noch verstärken – die OSZE-Präsidentschaft 2014 stellt für die Schweiz eine grosse Verantwortung und auch eine Chance dar, konkret zu Stabilität und Frieden beizutragen.


Mesdames et Messieurs,

Le traité d’amitié franco-allemand montre de manière exemplaire à quel point il est important de cultiver de bonnes relations de voisinage. L’amitié n’est pas donnée : elle se cultive par les échanges, des activités communes et par un dialogue permanent. Et il faut une réelle volonté politique, il faut montrer l’exemple. Charles de Gaulle, lorsqu’on lui faisait remarquer en 1962 que l’enthousiasme populaire n’était pas encore bien réel pour cette nouvelle relation franco-allemande, l’a résumé ainsi : « Il faut toujours faire comme si, ça finit souvent par arriver. »
 La Suisse est elle aussi bien consciente de l’importance de cette volonté ; c’est justement pourquoi le Conseil fédéral a fait des relations entre la Suisse et ses voisins une priorité de la stratégie de politique extérieure qu’il a adopté il y a juste un an. Pour ma part, je ne dois même pas faire « comme si », car je ressens une véritable amitié pour nos pays voisins.
Naturellement, il arrive parfois que nos pays ne partagent pas le même point de vue. Nous connaissons tous les débats autour des nuisances sonores du trafic aérien ou des questions fiscales. Le rôle de la diplomatie est de résoudre ce genre de litige de manière pacifique en recherchant un commun accord. Konrad Adenauer a dit un jour: «Wir alle leben unter dem gleichen Himmel, aber wir haben nicht alle den gleichen Horizont». En signant le traité d’amitié, il a offert, avec Charles de Gaulle, à leur deux pays un horizon commun. Tout deux ont fait preuve d’une grande clairvoyance. Une clairvoyance visionnaire et une grande compréhension mutuelle. Ainsi, Charles de Gaulle disait à cette époque, en parlant de la coupure entre l’Allemagne de l’Est et l’Allemagne de l’Ouest : « L’Allemagne, c’est comme un arbre (…) que l’on fendrait en son milieu (…). Ça ne pourra pas durer très longtemps. (…) La nature des choses sera la plus forte. L’Allemagne se réunira. »
En tous les cas, ce n’est qu’en entretenant un dialogue régulier que l’on peut résoudre de manière durable les conflits d’intérêts et construire une relation de confiance, cultiver une amitié. Les deux hommes d’Etat ne sont pas restés seuls à avoir fait preuve de clairvoyance : ce sont deux pays qui ont ouvert les yeux et ont décidé qu’il était temps de construire et de cultiver.
C’est dans cet esprit, Messieurs les Ambassadeurs, que je  vous présente, à l’occasion de cet anniversaire, au nom du Conseil fédéral et de la population suisses, mes cordiales félicitations ; elles s’adressent à vous, à vos gouvernements et aux peuples que vous représentez ici pour cette construction cinquantenaire cultivée au quotidien. Et elles s’adressent, aussi et enfin, à toutes celles et à tous ceux qui, au fil des générations et dans la droite ligne du « fait historique » de 1963, ont décidé, grâce à la compréhension mutuelle, de « dépasser leur vie ».


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Last update 29.01.2022

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