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Communiqués de presse
Communiqués de presse
Plus de 200'000 migrants sont passés par la Slovénie pour atteindre l’Europe
«Toutes les nuits, je rêve de la pointure 42!» Car trouver des chaussures à la bonne taille, c’est l’un des défis que relève Milena, 65 ans, bénévole dans le camp de transit de Sentilj, en Slovénie, à la frontière autrichienne: «Les hommes slovènes sont grands, et donc trouver des vêtements et des chaussures qui aillent aux réfugiés, plus petits, n’est pas une mince affaire.» Trois fois par semaine, Milena et son mari Mickey œuvrent comme volontaires pour l’ONG Philanthropie slovène, qui aide les milliers de réfugiés arrivant tous les jours au camp, par le bus ou par le train.
«45 volontaires travaillent pour notre organisation, la plus importante en nombre dans le camp, qui compte 200 volontaires au quotidien», décrit Tjaska Arko, responsable de la coordination de Philanthropie slovène à Sentilj. L’ONG a même dû refuser l’aide de nombreuses personnes. «L’élan a été incroyable au début, mais maintenant, on sent que certains des volontaires sont fatigués.» Ce fut néanmoins impressionnant de voir la manière dont les bénévoles ont fait face au va-et-vient constant de réfugiés dans ce camp mis sur pied mi-octobre à l’emplacement de l’ancien poste de douane, à environ 60km au sud de la ville autrichienne de Graz.
«Ces personnes sont dignes, et c’est avec dignité que je les traite», souligne Tatjana Rajšp, qui vient d’aider Oman et sa jeune épouse Sapha dans sa tente de vêtements seconde-main. «Ils ont surtout besoin d’habits chauds; l’hiver arrive, et la plupart n’ont emporté que le strict nécessaire.»
Le couple originaire de Mossoul raconte : «Nous avons d’abord rejoint Erbil, au nord de l’Irak, mais quand la situation s’est aussi dégradée là-bas, nous sommes repartis sur les routes. Je devais fuir l’Etat islamique», dit Oman en cherchant le regard de son épouse. «Et même si je suis triste d’avoir laissé mes parents au pays, je suis heureux d’être ici. Nous nous sentons enfin en sécurité.» Comme nombre de réfugiés, Oman et Sapha n’ont pas une idée très précise de leur destination, mais c’est l’Allemagne, la Suède ou les Pays-Bas qui les attirent. «Tout ce que nous voulons, c’est vivre en paix.» L’ingénieur en informatique et son épouse viennent de descendre du train couvert de graffitis qui s’arrête ici une fois par jour. La plupart des personnes en transit à Sentilj ont hâte de poursuivre leur voyage vers l’Autriche et craignent de rater l’ouverture quotidienne de la frontière. Avin, 20 ans, et sa sœur Emine, 11 ans, viennent d’Alep. Assises près d’un feu, emmitouflées dans une couverture, elles ont l’air épuisé: «Je voudrais vraiment que ça s’arrête. Je veux juste m’asseoir avec ma famille dans une pièce chauffée et me reposer», soupire Avin, qui espère retrouver rapidement son oncle et sa tante à Bonn.
«La plupart restent seulement 10 à 20 heures», précise Stanislav Lotrič, coordinateur en chef de la protection civile slovène responsable du camp. «J’ai entendu dire que sur les quelque 260'000 personnes qui sont passées par la Slovénie depuis mi-octobre, seules 15 y ont déposé une demande d’asile.»
L’expertise du Corps suisse d’aide humanitaire
Quand la Hongrie a fermé sa frontière avec la Croatie, le 17 octobre, les autorités slovènes se sont immédiatement préparées à l’arrivée des migrants. Mais elles ne s’attendaient pas à un tel afflux. «Les premiers jours, nous avons été complètement submergés, confirme Lotrič. Nous avons parfois accueilli près 11'000 personnes en un seul jour!» Les autorités se sont vite rendu compte qu’elles ne pourraient pas faire face seules très longtemps et qu’elles seraient bientôt à court de ressources. Elles se sont donc adressées à plusieurs pays, dont la Suisse. Le Corps suisse d’aide humanitaire (CSA) a réagi immédiatement en dépêchant une équipe, qui a estimé que la Suisse détenait l’expertise et le matériel nécessaires pour aider la Slovénie. Le 12 novembre, un expert en gestion d’abris, un spécialiste en installations d’hygiène et sanitaires et un logisticien se sont rendus sur place pour mettre leur expertise ainsi que du matériel de secours à la disposition des services de protection civile slovènes et soutenir financièrement Philanthropie slovène. «L’aide de la Suisse est très précieuse; elle allège notre tâche et nous permet de rémunérer certains des volontaires pour leur dur labeur», affirme, reconnaissant, Arko, membre de l’ONG slovène.
Le soutien de la Suisse à la protection civile slovène s’est traduit par l’envoi d’un premier camion chargé de huit tonnes de matériel de secours destiné à être distribué à Sentilj ainsi qu’à Brezice, un autre camp, situé sur la frontière croate. Le plus important a cependant été l’expertise et le savoir-faire du CSA. Afin de tenir compte des besoins spécifiques des hommes et des femmes, les experts ont appris aux autorités locales à monter cinq tentes à vocation multiple, à mettre en place une barrière pour garantir une certaine intimité aux femmes et aux enfants et à construire des sanitaires séparés pour les deux sexes. Les conduites d’eau ont été enterrées, et le système électrique a été amélioré en prévision de l’hiver. «Nous sommes très reconnaissants de pouvoir bénéficier du savoir-faire helvétique en matière d’organisation d’un camp de réfugiés. Je pense que nous avons fait du bon travail au début, mais il est évident que les experts suisses nous ont énormément aidés à nous préparer pour l’hiver et à veiller aux conditions de vie des femmes, se félicite Lotrič. La solidarité de la Suisse nous va droit au cœur.»