Liberté d’expression: moteur pour tous les droits de l’homme
2023 marque le 30e anniversaire de la Journée internationale de la liberté de la presse. Initiée par l'Assemblée générale des Nations unies, cette journée gravite autour de la liberté d'expression, moteur de tous les autres droits de l'homme. Si l'accès à l'information est primordial par temps de paix, il devient vital en situation de conflit. Nicolas Bideau, Chef Communication du DFAE, livre ses réflexions à ce propos.
La Suisse s'engage au niveau international en tant que membre de la Media Freedom Coalition et de la Freedom Online Coalition © Keystone
À peine huit heures du matin: une Tessinoise commente déjà dans un tweet le résultat du dernier match du FC Lugano, un Romand partage sur Facebook un article sur les récentes élections cantonales à Genève, et un jeune Suisse allemand vient de publier une story Instagram commentant la venue d'Obama à Zurich. La liberté d'expression est un droit qui nous accompagne dans notre vie quotidienne. La Journée internationale de la liberté de la presse du 3 mai, lancée par les Nations unies, définit précisément cette liberté comme le moteur de tous les autres droits de l'homme.
«Il est essentiel de se rappeler le rôle central de la liberté de la presse et des médias dans la réalisation des droits de l'homme, de la démocratie, du développement durable et de la sauvegarde de la paix», souligne le chef de Communication DFAE Nicolas Bideau. En effet, si l’accès à des informations fiables est important en temps de paix, il devient vital en situation de conflit. Et cela se comprend assez facilement.
Le rôle des médias dans les situations de conflit
Combien de guerres ont éclaté sur la base d’informations erronées? Combien de conflits sont nourris par la propagande contre des individus ou contre une nation?
L’accès à une information indépendante et de qualité est malheureusement de plus en plus menacé à travers le monde. Les professionnels des médias font souvent l’objet d’intimidations, de harcèlement en ligne ou encore d’agressions. La désinformation et la propagation à large échelle de mensonges ou de fake news s’intensifient et les coupures partielles ou complètes d’internet deviennent récurrentes. En ce moment-même la gestion de l’information liée à l’agression militaire contre l’Ukraine, et à la confrontation militaire au Soudan, confirment cette tendance préoccupante.
«Les informations fiables permettent aux civils qui se trouvent dans des zones de crises de prendre les bonnes décisions concernant leur sécurité et celle de leurs proches», souligne Nicolas Bideau. La désinformation en revanche sème la haine et la confusion et exacerbe les violences. «Elle nuit au travail des organisations humanitaires en mettant en péril la sécurité de leur personnel sur le terrain. En plus, elle entrave l’accès et le soutien aux personnes les plus vulnérables», continue-t-il. Voilà les raisons pour lesquelles le rôle des médias devient central – la Suisse s'engageant à les protéger.
Engagement multilatéral en faveur de la liberté de la presse
Pour transmettre une information de qualité, les professionnels des médias doivent pouvoir faire leur travail librement, sans subir d’intimidation. Ils doivent être protégés et respectés, y compris dans les zones de conflits. Leur contribution à la diffusion de faits vérifiés et de données fiables est fondamentale pour combattre les fake news qui tendent à polariser la société.
«Les États doivent faire des efforts pour offrir des conditions-cadre favorables aux médias professionnels – pour qu’ils puissent fonder leurs analyses sur des sources d’informations indépendantes et variées », assure Nicolas Bideau. C’est dans cet esprit que la Suisse a publié son premier Plan d'action national pour la sécurité des professionnels des médias en Suisse. Parmi les domaines d'action de ce plan figure la reconnaissance du rôle et de la profession des professionnels des médias et une meilleure protection contre les menaces et les discours de haine en ligne – les femmes travaillant dans les médias étant particulièrement touchées.
Depuis de nombreuses années, la Suisse soutient l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe dans le domaine de la liberté de la presse et notamment son projet «Safety of Female Journalists online». Depuis l'année dernière, nous soutenons également la plateforme pour renforcer la protection du journalisme et la sécurité des journalistes du Conseil de l'Europe. Enfin, la Suisse s'engage au niveau international en tant que membre de la Media Freedom Coalition et de la Freedom Online Coalition, qui se consacrent à la protection et à la promotion de la liberté des médias et la liberté d’expression, hors ligne et en ligne.
L'ensemble des actions de la Suisse dans ce domaine est inscrit dans la Stratégie de politique étrangère 2020-2023 et dans les Lignes directrices sur les droits de l'homme 2021-2024 du DFAE.