Stratégie

Depuis le dernier programme de coopération 2018-2021, la situation générale en Haïti s’est détériorée. Le contexte est fragile sur le plan social, économique, politique et environnemental. Environ 60% de la population haïtienne vit en dessous du seuil pauvreté et plus de 4 millions de personnes se trouvent en situation d’insécurité alimentaire. En août 2021, un séisme majeur suivi d’une tempête tropicale ont frappé la péninsule sud de l’île, zone d’intervention prioritaire de la Suisse.

Malgré ces nombreux défis et en reconnaissance des potentiels existants et des résultats obtenus à date, la Suisse reste convaincue que les actions humanitaires et de développement contribuent à améliorer la vie de la population haïtienne.  En ce sens, lors de la visite de la directrice de la DDC Madame Patricia Danzi en Haïti, la Suisse a lancé son nouveau programme de coopération 2022-2024. Elle a également renouvelé son engagement auprès des haïtiens et des haïtiennes et en faveur d’un dialogue continu pour une meilleure coordination de l’aide avec les acteurs nationaux et internationaux.

Programme de coopération 2022–2024

Dans la perspective du désengagement progressif de la Suisse de la région, le programme de coopération 2022-2024 met l’accent sur l’appropriation des programmes par les acteurs haïtiens et le renforcement du nexus[1] humanitaire-développement-paix. Les actions d’urgence réalisées suite au séisme du 14 août 2021 sont consolidées et inscrites dans une perspective de durabilité.

Ce nouveau programme de coopération vise à valoriser les résultats obtenus par la coopération suisse en Haïti – coopération particulièrement appréciée et reconnue – à travers deux domaines d’intervention.

Gouvernance locale et renforcement de la résilience de la population et des institutions

La Suisse s’engage en matière de reconstruction à la suite de catastrophes, de décentralisation et de gouvernance locale au niveau de l’agriculture, de l’eau potable et de l’assainissement. Elle travaille avec la population pour une meilleure préparation et prévention des risques de catastrophes. Elle cherche ainsi à atténuer les conséquences des désastres, assurer des services de base inclusifs et renforcer les institutions locales pour répondre aux besoins de la population.

Exemples de résultats escomptés:

  • 10’0000 personnes participent et influencent la prestation de services publics, la prise de décision et les budgets au sein de leur localité ;
  • 10 autorités locales bénéficient de ressources budgétaires accrues dans le domaine de l’eau potable et l’assainissement ;
  • 5 agences techniques locales départementales fonctionnelles avec mobilisation fiscale effective.

Développement économique résilient aux chocs

La Suisse vise à consolider les mécanismes de marché pour permettre aux producteurs de mieux s’intégrer dans les chaînes de valeur locales et internationales. Elle favorise la formation et l’insertion professionnelle afin de réduire la pauvreté. Les formations privilégiées répondent aux besoins du marché et visent l’indépendance financière. Elle appuie en particulier les ménages les plus vulnérables à travers des initiatives de protection et promotion sociales. Elle œuvre en vue de réduire l’insécurité alimentaire en renforçant les institutions paysannes, l’innovation agricole et l’accès au crédit.

Exemples de résultats escomptés

  • 30’000 ménages vulnérables bénéficient de projets qui réduisent l’exclusion, la discrimination ou les inégalités
  • 8’000 producteurs dont 35% de femmes soutenus afin d’augmenter les rendements annuels du cacao et de l’igname
  • Le rendement des filières igname et cacao dans le grand sud est doublé

Un budget de plus de 43 millions de CHF est prévu dans le cadre de la mise en œuvre de ce programme de coopération. La promotion des droits de l’homme et de l’égalité des genres, la sensibilité aux conflits ainsi que la réduction des risques de catastrophes demeureront des thèmes transversaux à l’ensemble des activités de la Suisse en Haïti.

[1] L’approche nexus suggère une utilisation intégrée des instruments – tant bilatéraux que multilatéraux – d’aide humanitaire et de coopération au développement. Cette intégration est définie par la DDC comme «l’application simultanée d’instruments dans le même contexte afin d’augmenter, d’entrelacer efficacement et de fonctionner en synergie pour améliorer les résultats pour la population ciblée à court, moyen et long terme».