Excellences,
Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi de faire une déclaration en ma qualité de représentant de la Suisse.
Tout d'abord, je voudrais remercier les trois intervenants pour leurs éclairages.
Récemment, je suis retourné dans mon ancienne école pour parler de politique étrangère.
Les élèves m’ont posé uniquement des questions sur la guerre et sur ses conséquences.
Cela m’a profondément marqué :
Je me suis rendu compte à quel point nos questions étaient différentes lorsque j'étais moi-même élève dans cette école, il y a 45 ans, à la fin des années 70’.
Mes camarades et moi étions convaincus qu'il n'y aurait plus jamais de guerre en Europe.
Nos professeurs, nos parents avaient vécu la Seconde Guerre mondiale ; ils nous juraient que la communauté internationale avait compris la leçon.
En 1992, Francis Fukuyama annonçait dans son bestseller la Fin de l’histoire.
La globalisation se présentait alors comme un facteur de paix.
Comme si la fin de la guerre froide et l’interdépendance économique nous emmèneraient dans une nouvelle ère.
Mais aujourd’hui, la guerre, toujours, encore.
- Comment en sommes-nous arrivés là ?
- Comment éviter que nous soyons ceux qui n’ont pas su réagir aux crises actuelles ?
Mesdames et Messieurs,
Il y a 77 ans, des nations « unies », cimentées par la confiance et la volonté de se reconstruire ont affirmé : Plus jamais ça !
Et pourtant.
Peut-être avons-nous péché par prétention ?
Force est de constater que nous n’avons pas suffisamment pris en compte les frustrations et les mutations en marche de part et d’autre de notre planète.
Oui le système multilatéral est sous tension, mais Non il n’est pas en faillite !
Le véritable échec serait de ne rien faire.
Il est temps que le Conseil de sécurité saisisse ses responsabilités et réfléchisse à son potentiel d’action face à la multiplication des crises.
Il est temps d’affiner nos outils pour restaurer la confiance et consolider une paix durable. C’est l’objectif de ce débat organisé par la Suisse : reconstruire les ponts qui nous relient.
Excellences,
Là où il y a la confiance, tout est possible.
Le droit international est fondé sur la locution latine Pacta sunt servanda – les conventions doivent être respectées.
Ce principe incarne la confiance réciproque des parties qui engagent leur parole, et la respectent.
Si nous parvenons à restaurer cette confiance, je suis convaincu que nous pourrons retrouver durablement le cap de la paix.
Pour y arriver, nous devons nous concentrer sur les domaines dans lesquels le multilatéralisme apporte une véritable valeur ajoutée.
- Tout d’abord, nous devons veiller à l’application d’un cadre normatif commun et respecté, basé sur les droits de l’homme et le droit international public.
C’est la prédictibilité, et non l'arbitraire, qui est le terreau de la confiance.
Grâce à la confiance, nous pouvons viser une paix durable.
- Nous devrons également examiner comment ce Conseil peut renforcer les bases d’une architecture de paix plus large.
Cette architecture doit être inclusive et intégrer celles et ceux que la population a désigné comme démocratiquement légitimes.
Elle doit aussi respecter les différences culturelles et prendre soin du patrimoine historique qui nous définit.
Une paix imposée n'est pas une paix durable.
- Enfin, la confiance se gagne sur des faits concrets.
La science et les nouvelles technologies nous offrent des opportunités pour mieux anticiper et comprendre les risques d’aujourd’hui et les chances de demain.
Nous devons répondre aux défis du 21ème siècle avec des solutions du 21ème siècle.
Mesdames et Messieurs
Les injustices et les violations de la Charte ne justifient pas le retranchement de chacun derrière ses positions.
Au contraire :
Ayons le courage de questionner et de repenser le système ensemble, dans le but de le rendre meilleur.
Forte de cette conviction, la Suisse salue l’initiative du Secrétaire général qui proposera, le mois prochain, un « Nouvel Agenda pour la Paix ».
Excellences,
Le débat d’aujourd’hui est une vraie opportunité de recueillir des idées et propositions des États membres et de tirer parti des synergies qui nous unissent.
La confiance se gagne dans les actions, pas dans les intentions !
C'est dans cet esprit que je crois en la force du multilatéralisme.
Je vous remercie.